ÉZÉCHIEL
INTRODUCTION AU LIVRE D’ÉZÉCHIEL
(Ex 29:43-46. Lé 20:22-24, 26. Ap 21:3.)
Ce livre s’intitule «Ézéchiel» (qui contemple Dieu), du nom du prophète de l’exil à Babylone. Ézéchiel, fils du sacrificateur Buzi, est lui-même un sacrificateur devenu prophète (1:3). Il a une vision de la gloire de Dieu sur les rives du fleuve Kebar (1:1-3, 15). Son message s’adresse aux Juifs déportés et à ceux qui sont restés à Jérusalem. Il veut extirper les faux espoirs des exilés. Le prophète est la sentinelle (3:17), ce n’est pas le moment de donner des conseils. Il faut parfois rester muet (3:26), voire immobile (4:4-8). Sa personne ne fera qu’un avec son message. Il n’est plus avec des frères, mais au milieu de ronces et de scorpions (2:6). Par son comportement, il devient un présage pour eux (12:6; 24:24). Sa douleur personnelle sert de signe: la mort de sa femme devient ainsi l’annonce de la chute de Jérusalem (24:16-22). Il lui faut une ténacité à toute épreuve, «un front comme un diamant, plus dur que le roc» (3:9).
Ce livre présente ainsi des paroles de consolation et d’espérance suite à la destruction du temple de Jérusalem vers 587.
Les chapitres 1 à 24 recensent les reproches et menaces adressés aux Israélites avant le second siège de Jérusalem. Grâce aux visions, le prophète avait perçu la gloire de Dieu en contraste avec l’impureté de Jérusalem. En effet, cette ville allait être détruite à cause de son idolâtrie et ses crimes. Pour s’être prostitué à la manière de Samarie, Israël allait être châtié.
Les chapitres 25 à 32 annoncent que le jugement divin tombera aussi sur les nations étrangères qui ont trompé Israël. Ce sont: Ammon, Moab, Édom, la Philistie, Tyr, Sidon, l’Égypte. Le roi de Babylone est présenté comme l’instrument de Dieu à cette fin.
Les chapitres 33 à 39 traitent des messages de réconfort pour Israël après la chute de Jérusalem. Ézéchiel, sentinelle, prononça la ruine d’Israël symbolisée par les ossements desséchés dans une vallée. Heureusement ces ossements allaient reprendre vie et les ennemis du peuple de Dieu être châtiés.
Les chapitres 40 à 48 décrivent le futur temple perçu dans des visions. Ici le nouveau temple est décrit dans les moindres détails; les règles rituelles sont fixées et la gloire de Dieu viendra y résider.
Chaque fois que Dieu parle, c’est un événement dont le prophète doit rendre compte. Ce sont l’injustice et l’idolâtrie qui amènent le Seigneur à quitter la ville et le temple. Ézéchiel ose dire ce qu’aucun prophète n’a déclaré auparavant: l’histoire d’Israël est impure dès la sortie d’Égypte (20:6-8).
L’injustice est inséparable de l’idolâtrie (8:17). Jérusalem mérite le nom de ville sanguinaire (22:2; 24:6-9), nom que Nahum avait donné à Ninive (Na 3:1). Elle est le théâtre de la violence (7:11). Toutes les élites de la nation, prophètes, sacrificateurs, dirigeants, grands propriétaires, ont failli à leur mission (22:25-30). L’oppression et l’exploitation des plus faibles sont partout (18:7). Ainsi, Ézéchiel est contraint de dire que sans Dieu, Israël n’est pas viable et n’a plus de raison d’être.
Le livre d’Ézéchiel met en évidence certaines vérités essentielles dans la relation de l’humanité avec l’Éternel: l’importance du temple, la responsabilité individuelle primant sur la responsabilité collective, le renouvellement de la vie spirituelle personnelle et l’importance des visions divines pour un futur meilleur.
1
Vocation d’Ézéchiel
V. 1-28: cf. Éz 10. Ap 4.
1 La trentième année, le cinquième jour du quatrième mois, comme j’étais parmi les captifs du fleuve du Kebar, les cieux s’ouvrirent, et j’eus des visions divines.
2 Le cinquième jour du mois, c’était la cinquième année de la captivité du roi Jojakin,
3 la parole de l’Éternel fut adressée à Ézéchiel, fils de Buzi, le sacrificateur, dans le pays des Chaldéens, près du fleuve du Kebar; et c’est là que la main de l’Éternel fut sur lui.
4 Je regardai, et voici, il vint du septentrion un vent impétueux, une grosse nuée, et une gerbe de feu, qui répandait de tous côtés une lumière éclatante, au centre de laquelle brillait comme de l’airain poli, sortant du milieu du feu.
5 Au centre encore, apparaissaient quatre animaux, dont l’aspect avait une ressemblance humaine.
6 Chacun d’eux avait quatre faces, et chacun avait quatre ailes.
7 Leurs pieds étaient droits, et la plante de leurs pieds était comme celle du pied d’un veau, ils étincelaient comme de l’airain poli.
8 Ils avaient des mains d’homme sous les ailes à leurs quatre côtés; et tous les quatre avaient leurs faces et leurs ailes.
9 Leurs ailes étaient jointes l’une à l’autre; ils ne se tournaient point en marchant, mais chacun marchait droit devant soi.
10 Quant à la figure de leurs faces, ils avaient tous une face d’homme, tous quatre une face de lion à droite, tous quatre une face de bœuf à gauche, et tous quatre une face d’aigle.
11 Leurs faces et leurs ailes étaient séparées par le haut; deux de leurs ailes étaient jointes l’une à l’autre, et deux couvraient leurs corps.
12 Chacun marchait droit devant soi; ils allaient où l’esprit les poussait à aller, et ils ne se tournaient point dans leur marche.
13 L’aspect de ces animaux ressemblait à des charbons de feu ardents, c’était comme l’aspect des flambeaux, et ce feu circulait entre les animaux; il jetait une lumière éclatante, et il en sortait des éclairs.
14 Et les animaux couraient et revenaient comme la foudre.
15 Je regardais ces animaux; et voici, il y avait une roue sur la terre, près des animaux, devant leurs quatre faces.
16 A leur aspect et à leur structure, ces roues semblaient être en chrysolithe, et toutes les quatre avaient la même forme; leur aspect et leur structure étaient tels que chaque roue paraissait être au milieu d’une autre roue.
17 En cheminant, elles allaient de leurs quatre côtés, et elles ne se tournaient point dans leur marche.
18 Elles avaient une circonférence et une hauteur effrayantes, et à leur circonférence les quatre roues étaient remplies d’yeux tout autour.
19 Quand les animaux marchaient, les roues cheminaient à côté d’eux; et quand les animaux s’élevaient de terre, les roues s’élevaient aussi.
20 Ils allaient où l’esprit les poussait à aller; et les roues s’élevaient avec eux, car l’esprit des animaux était dans les roues.
21 Quand ils marchaient, elles marchaient; quand ils s’arrêtaient, elles s’arrêtaient; quand ils s’élevaient de terre, les roues s’élevaient avec eux, car l’esprit des animaux était dans les roues.
22 Au-dessus des têtes des animaux, il y avait comme un ciel de cristal resplendissant, qui s’étendait sur leurs têtes dans le haut.
23 Sous ce ciel, leurs ailes étaient droites l’une contre l’autre, et ils en avaient chacun deux qui les couvraient, chacun deux qui couvraient leurs corps.
24 J’entendis le bruit de leurs ailes, quand ils marchaient, pareil au bruit de grosses eaux, ou à la voix du Tout-Puissant; c’était un bruit tumultueux, comme celui d’une armée; quand ils s’arrêtaient, ils laissaient tomber leurs ailes.
25 Et il se faisait un bruit qui partait du ciel étendu sur leurs têtes, lorsqu’ils s’arrêtaient et laissaient tomber leurs ailes.
26 Au-dessus du ciel qui était sur leurs têtes, il y avait quelque chose de semblable à une pierre de saphir, en forme de trône; et sur cette forme de trône apparaissait comme une figure d’homme placé dessus en haut.
27 Je vis encore comme de l’airain poli, comme du feu, au-dedans duquel était cet homme, et qui rayonnait tout autour; depuis la forme de ses reins jusqu’en haut, et depuis la forme de ses reins jusqu’en bas, je vis comme du feu, et comme une lumière éclatante, dont il était environné.
28 Tel l’aspect de l’arc qui est dans la nue en un jour de pluie, ainsi était l’aspect de cette lumière éclatante, qui l’entourait: c’était une image de la gloire de l’Éternel. A cette vue, je tombai sur ma face, et j’entendis la voix de quelqu’un qui parlait.