DEUXIÈME PARTIE. [III, 1 — IV, 31.] DOCTRINE DU SALUT PAR LA FOI.
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Chap. iii, 1-18. — Impuissance de la Loi. Appel à leur expérience personnelle (1-7) ; la promesse antérieure à la Loi, son accomplissement dépend de la foi seule (8-14). La promulgation n’a pas changé cette condition (15-18).
Ô Galates insensés ! qui vous a fascinés, vous aux yeux de qui a été tracée l’image de Jésus-Christ crucifié.* Voici seulement ce que je voudrais savoir de vous : Est-ce par les œuvres de la Loi que vous avez reçu l’Esprit, ou par la soumission de la foi ? Avez-vous si peu de sens, qu’après avoir commencé par l’esprit, vous finissiez par la chair ? Avez-vous fait une telle expérience en vain ? si toutefois c’est en vain. Celui qui vous confère l’Esprit et qui opère parmi vous des miracles, le fait-il donc par les œuvres de la Loi, ou par la soumission de la foi ? comme il est écrit : « Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice. » Reconnaissez donc que ceux-là sont fils d’Abraham, qui sont de la foi. Aussi l’Écriture, prévoyant que Dieu justifierait les nations par la foi, annonça d’avance à Abraham cette bonne nouvelle : « Toutes les nations seront bénies en toi. » De sorte que ceux qui sont de la foi sont bénis avec le fidèle Abraham. 10 En effet tous ceux qui s’appuient sur les œuvres de la Loi sont sous la malédiction ; car il est écrit : « Maudit quiconque n’est pas constant à observer tout ce qui est écrit dans le livre de la Loi. »§ 11 Or que par la Loi nul ne soit justifié devant Dieu, cela est manifeste, puisque le « juste vivra par la foi. »* 12 Or la Loi ne procède pas de la foi ; mais elle dit : « Celui qui accomplira ces commandements vivra en eux. » 13 Le Christ nous a rachetés de la malédiction de la Loi, en se faisant malédiction pour nous, — car il est écrit : « Maudit quiconque est pendu au bois, » — 14 afin que la bénédiction promise à Abraham s’étendît aux nations dans le Christ Jésus, afin que nous pussions recevoir par la foi l’Esprit promis. 15 Frères, — je parle selon les usages des hommes, — un contrat en bonne forme, bien que l’engagement soit pris par un homme, n’est annulé par personne, et personne n’y ajoute. 16 Or les promesses§ ont été faites à Abraham et à sa descendance. On ne dit pas : « Et à ses descendants », comme s’il s’agissait de plusieurs ; mais il dit : « À ta descendance », comme ne parlant que d’un seul, savoir le Christ. 17 Voici ce que je veux dire : Dieu ayant conclu une alliance en bonne forme, la loi qui est venue quatre cent trente ans après ne la rend pas nulle, de manière à rendre vaine la promesse.* 18 Car si l’héritage s’obtenait par la Loi, il ne viendrait plus d’une promesse ; or, c’est par une promesse que Dieu a fait à Abraham ce don de sa grâce.
2. Chap. iii, 19 — iv, 7. Le rôle de la Loi dans l’économie du salut. — Elle a été donnée aux Hébreux comme un pédagogue chargé de les conduire à Jésus-Christ (19-24). La foi nous a affranchis de la tutelle de la Loi (25-29), dont par conséquent le temps est passé (iv, 1-7).
19 Pourquoi donc la Loi ? Elle a été ajoutée à cause des transgressions, jusqu’à ce que vînt « la descendance » à qui la promesse avait été faite ; elle a été promulguée par les anges, par l’entremise d’un médiateur. 20 Or le médiateur n’est pas médiateur d’un seul ; et Dieu est un. 21 La Loi va-t-elle donc contre les promesses de Dieu ? Loin de là ! S’il eût été donné une loi capable de procurer la vie, la justice viendrait réellement de la loi. 22 Mais l’Écriture§ a tout enfermé sous le péché, afin que, par la foi en Jésus-Christ, ce qui avait été promis fût donné à ceux qui croient. 23 Avant que vînt la foi, nous étions enfermés sous la garde de la Loi, en vue de la foi qui devait être révélée. 24 Ainsi la Loi a été notre pédagogue* pour nous conduire au Christ, afin que nous fussions justifiés par la foi. 25 Mais la foi étant venue, nous ne sommes plus sous un pédagogue. 26 Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi dans le Christ Jésus. 27 Vous tous, en effet, qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ. 28 Il n’y a plus ni Juif ni Grec ; il n’y a plus ni esclave ni homme libre ; il n’y a plus ni homme ni femme : car vous n’êtes tous qu’une personne dans le Christ Jésus.§ 29 Et si vous êtes au Christ,* vous êtes donc « descendance » d’Abraham, héritiers selon la promesse.
* 3:1 III, 1. Après fascinés, la Vulg. ajoute, pour ne pas obéir à la vérité : ces mots manquent dans les manuscrits grecs, dans l’ancienne italique et dans plusieurs manuscrits de la Vulg. elle-même. Cf. v. 7. Quelques manuscrits ont, comme la Vulgate, in vobis crucifixus, c’est-à-dire « comme s’il eût été crucifié parmi vous ». 3:7 7. Reconnaissez, ou bien avec quelques bons manuscrits de la Vulgate, vous reconnaissez. 3:8 8. L’Écriture personnifiée, l’Esprit-Saint parlant par elle (Gen. xii, 3 ; comp. xviii, 18). § 3:10 10. Citation libre, d’après les Septante, de Deut. xxvii, 26. * 3:11 11. Hab. ii, 4. Comp. Rom. i, 17. 3:12 12. Lév. xviii, 5. 3:13 13. Maudit… : citation libre, d’après les Septante, de Deut. xxi, 23. § 3:16 16. Gen. xiii, 15 ; xvii, 8. — À ses descendants, litt. à ses descendances. L’Esprit de Dieu, en choisissant un mot qui désigne une unité collective, de préférence à un pluriel, enfants ou descendants, par exemple, indiquait un objet de la promesse collectivement un, savoir le Christ uni à tous ceux qui ne forment avec lui qu’un seul corps, le Christ personnel et le Christ mystique, Jésus-Christ et son Église, dit S. Augustin. * 3:17 17. Le texte reçu ajoute : en vue du Christ. — S. Paul compte les 400 ans à partir du dernier renouvellement de la promesse. 3:19 19. Rom. v, 20 ; vii, 7-13. — Les anges, selon une tradition juive, dont la première trace se trouve, Deut. xxxiii, 2 (LXX) et qui est clairement affirmée dans le N. T. Comp. Act. vii, 53 ; Hébr. ii, 2. — D’un médiateur entre Dieu et le peuple, Moïse (Deut. v, 5 sv. Comp. ix, 9 sv.). S. Paul fait ressortir par là le caractère intermédiaire et subordonné de la Loi. 3:20 20. L’entremise d’un médiateur prouve que l’alliance conclue au pied du Sinaï avait le caractère d’un véritable contrat. Dieu s’obligeait vis-à-vis du peuple hébreu à le bénir sous la condition qu’il observât sa Loi (comp. v, 12) ; et c’est en effet à quoi les fils d’Israël s’engagèrent (Exod. xix, 5-8 ; Deut. v, 24 sv.). Au contraire, dans la promesse, Dieu est seul ; il ne contracte aucune dette vis-à-vis de l’homme à qui il promet. La Loi n’a donc pas pu se substituer à la promesse et l’abolir. § 3:22 22. L’Écriture personnifiée, comme au v. 8. (Rom. iii, 10 sv.). * 3:24 24. Les pédagogues, chez les Grecs et les Romains, étaient ordinairement des esclaves qui accompagnaient partout les enfants confiés à leurs soins, veillaient sur eux et leur apprenaient les premiers éléments des connaissances, jusqu’à ce que l’enfant pût entendre plus tard les leçons de quelque maître renommé. Tel fut exactement le rôle de la loi auprès du peuple juif. 3:26 26. Dans le Christ Jésus, peut, dans le grec, se joindre à fils de Dieu. 3:27 27. Dans le Christ (in Christum), de manière à sortir de la race pécheresse du premier Adam, pour devenir membre du corps mystique de J.-C. — Revêtu le Christ : cette image, familière à S. Paul (Rom. xiii, 14 ; Eph. iv, 24 ; Col. iii, 9 sv.), signifie l’intime communauté de vie et d’esprit dans laquelle l’homme entre avec J.-C. par le baptême. § 3:28 28. Comp. Col. iii, 18. — Une personne (en gr. εἷς, unus, selon les meilleurs manuscrits). La Vulg. a lu in unum. Sens : J.-C. appelle tous les hommes à devenir enfants de Dieu, et il a mérité cette grâce à tous, sans distinction. * 3:29 29. Au Christ, membres de son corps mystique. — Vous êtes, comme lui et en lui, descendance, etc. Comp. ix, 18.